Wrong Island


Cycle de recherches et créations avec le plasticien sonore Quentin Conrate 
Le projet a bénéficié de la Bourse de création de la Région Hauts-de-France en 2023-2024 et de l’Aide au projet de la Ville de Lille en 2023, en co-production avec l’association 720 DIGITAL NORD



"Ce n'est pas
la bonne île !"



Voilà en quels termes a commencé notre premier voyage de recherche sur les îles en 2021.
Le titre était là, devant nos yeux. Deux mots en anglais, noir sur blanc, dans une réponse de mail, accompagnés d'un point d'exclamation et de deux captures d'écrans de google maps.
Une question est alors survenue :
Quelle pourrait être la bonne île ?
Puis : C'est quoi une île ? Quels sont les différents sens qu'on lui accorde ? Quelles en sont les limites ? Qui les définit ? Puis encore : combien y a-t-il d'îles sur Terre ? Quelles en sont les différences, les similitudes ? L'île déserte existe-t-elle (encore) ? Pourquoi cette idée a tant inspiré les artistes et fait tant rêver ? Que l'idée d'île fait-elle émerger chez chacun.e ? (...)

Wrong Island s'est rapidement imposé non plus comme un projet mais comme un cycle de recherches et créations dont nous ne savons pas quand et où il se conclura, ni même s'il se terminera un jour.
Mais s'il fallait aller vite, ce qu’avec d’autres nous retenons des îles, c’est la possibilité de les circonscrire. Cela doit être la raison pour laquelle nous apprécions particulièrement les îles de tailles modestes, celles dont on peut faire le tour à pied en quelques jours voire quelques heures. Ces espaces cloisonnés n’ont pas leur pareil pour donner à sentir comment une zone peut fonctionner, comment la population se croise, s’entraide… Pour faire sentir aux personnes extérieures quels problèmes il faut affronter, quelles solutions existent. Alors nous les arpentons, avec une prédilection pour les périodes où les touristes les ont quittées. Nous cherchons les lieux de vie, nous croisons les habitant.e.s et écoutons leurs récits, leurs conseils, on mange dans les derniers restaurants ouverts. On écoute ses oiseaux et la rumeur de ses vagues qui annonce la météo du lendemain. On se protège des tempêtes, on arpente des villages en guettant les fenêtres ouvertes au milieu des volets clos. On se demande aussi si une île reliée à un pont nous offre une autre expérience qu’une sur laquelle on arrive en bâteau et si une ville fortifiée n’est pas une île à sa manière.

Et de ces éléments que nous ramenons sur le continent, nous cherchons à comprendre ceux qui sont essentiels pour que l’installation que nous façonnons puisse faire ressentir quelque chose de l’insularité qui nous traverse. C’est ainsi que c’est d’abord par une volonté d’échange que nous pensons l’installation. Comment faire d’une exposition un lieu de vie accueillant. 



©Je cherche encore
Nous avons cherché l’île jusqu’au bout du jour.
Nous avons soulevé chaque vague,
l’une après l’autre,
mais elle demeurait introuvable
(invisible)

J’ai pensé que nous arrivions trop tard.
Que la mer l’avait déjà avalée.
Le bateau nous emportait de plus en plus loin.
L’horizon tout autour était liquide.
La carte entre mes mains ne signifiait plus rien.
(je ne sais plus où je suis)
Ce n’était qu’un enchevêtrement
de lignes et de points - trempés par l’eau salée.


Extrait du texte de la performance présentée en juillet 2023 à Montreuil-sur-Mer